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27 novembre 2015 5 27 /11 /novembre /2015 08:52

 

A l'encontre du jour.

 

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Photographie : Blanc-Seing.    

                                                                                                              

      Cette effigie humaine qui fait sa mince vibration à l'encontre du jour est-elle seulement affectée d'une réalité ?

Ne s'agirait-il pas d'une hallucination dont nos sens seraient atteints ?

D'une phénoménalité qui ne voudrait dire son nom ? Comme pour réserver au secret sa part d'ombre, sa mesure "d'inquiétante étrangeté".

Cela parle si peu dans le jour naissant.

Cela fuit tellement, juste sous  l'horizon de notre conscience, à la limite de nos yeux habités de mensonge et d'approximation. 

Cela se réserve et jamais ne fait signe avec la clarté de l'évidence.

  Mais qui est-elle donc, cette Passante que des murs abstraits, absents d'eux-mêmes, semblent vouloir attirer dans quelque abîme ?

A-t-elle seulement un projet ?

Son cheminement, un but ?

Ou bien est-elle tellement perdue parmi les hasards du monde qu'elle ne puisse jamais se retrouver ?

Fragments épars faisant sur la terre leur vibrante et tragique diaspora.

Dispersion infinie. Pareillement à l'éclatement autistique.

Giclure des mains.

Dislocation des membres.

Emiettement des idées.

Dissémination de la pensée.

Comme un étonnement d'exister, un éblouissement du vide, une sombre assomption vers un aveuglant vertige.

  Mais cette Oubliée parmi les morcellements infinis de la ville, cette erratique présence n'est-elle seulement là qu'à nous questionner, à nous jeter dans les fosses perdues du questionnement circulaire ? Genre d'herméneutique tournant à vide, questions et réponses affectées de la même vacuité, d'une identique perte, d'un doute infécond faisant ses voltes et ses revirements.

Nous sommes soudain reconduits à notre condition première, à nos fondements, acculés à notre origine, sommés de dire notre désertion de l'être, notre fascination pour l'absence de toute chose, comme un point fixe au milieu de l'absolu.

Cette dissolution, nous la voulons.

Cet effacement, nous l'appelons, alors même que, sollicités par les mouvements de tous ordres, nous croyons nous en échapper.

Mais notre essence est là qui veille, fait ses menus entrechats métaphysiques, ses ondulations ontologiques.

Nous disons "être" et ce vers quoi nous marchons renvoie le lancinant écho d'une occlusion, d'un ombilic tubéreux, racinaire, enfoui dans une confondante mutité.

A cela, à cette fermeture,  nous ne pouvons échapper que par un saut dans l'aliénation ou bien par un éclatement de la conscience vers les mailles serrées des certitudes logiques ou bien encore par une liberté dont l'art, parfois, veut bien nous faire l'offrande.

  Exister, s'immerger dans la lumière, tracer son chemin de comète, assurer à son parcours quelque scintillement de feu de Bengale revient toujours à se confronter à cela même qui offre son revers mortifère.

On ne s'exonère du tragique que provisoirement.

L'ouverture est là qu'il faut saisir à l'encontre du jour, dans cette clarté qui nous constitue en même temps qu'elle se retire de nous.

Nous n'apparaissons jamais que dans cet intervalle, celui-là même que, métaphoriquement, parcourt l'Oubliée de l'image en quête de son propre destin. 

 

 

                                                                             

 

 

                                                                

 

   

 

 

  

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