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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 08:28

 

  Oui, cela commence par une longue énumération, une manière de litanie lexicale, infinie variation sur le chiffre 7, sur son aspect symbolique, depuis les sempiternels jours de la semaine - métaphore facile du temps - jusqu'aux portes de la voie mystique - métaphore facile de l'éternité. Quoique l'on fasse, nous sommes toujours empêtrés dans cette nécessaire temporalité, nous sommes toujours livrés à la question, bien évidemment, de nature métaphysique. Mais l'énumération ! En quoi est-elle "utile" ? Eh bien, en la matière, l'inutilité est patente, elle en est même la justification, identiquement à l'art qui n'est jamais qu'un jeu gratuit, une giration sur "les ailes du désir", un vol plané "au-dessus d'un nid de coucou". Parfois est-il nécessaire de faire un pied de nez à la réalité - le cinéma, souvent, sait si bien le faire - afin d'entrer dans une aire de liberté. Ainsi en est-il du merveilleux langage, lequel devient un jeu subtil dès l'instant où l'on se dispose à l'entendre avec l'oreille adéquate, celle de l'esprit, s'entend.

  Quant à Jules Labesse, si son nom prête à sourire, eh bien vous n'en êtes qu'au tout début de son étonnante biographie. Vous verrez, des ressources, il en a plein son sac, mais il n'est jamais bon d'anticiper et puis, à tout prendre, plutôt lui laisser la parole.

 

 

7

 

  Mais oui, vous avez raison, je me défilerai pas. Pourquoi 7 copains en tout, ni un de plus ni un de moins. Parce que le hasard, parce que le destin, parce que "c'étaient eux, parce que c'était moi". Je vous avoue, j'ai cherché à savoir, moi aussi, pourquoi 7, et j'ai rien trouvé de bien satisfaisant. Oh j'ai bien pensé à un tas de trucs comme les 7 jours de la semaine, par exemple, les 7 planètes, les7 degrés de la perfection, les 7 sphères ou degrés célestes, les 7 pétales de la rose, les 7 têtes du naja d'Angkor, les 7 branches de l'arbre cosmique, les 7 rayons du soleil hindou, les 7 sens ésotériques du Coran, les 7 centres subtils du yoga, les 7 fois 7 baguettes divinatoires d'achillée des Orientaux, le 7 dans sa dimension symbolique de passage d'un cycle à un autre; le 7 en tant que chiffre sacré des Sumériens; les 7 portes du Paradis; les 7 étapes sur la voie mystique, mais je suis arrivé à la conclusion que la vie était une bien curieuse alchimie, un bien étrange jeu qui tient du Loto, du jeu de Dames, du Bridge, du Poker menteur, de la Roulette russe, de la Loterie, du Quitte ou Double, et, en fin de compte, pensant à nouveau à notre petit groupe de copains, l'analogie était évidente, la combinatoire était celle du Jeu d'Echecs sur lequel nous figurions, tantôt en guise de pions, parfois de tours, de cavaliers, souvent de fous, de dames, plus rarement de rois et nous redoutions tous ce terrible "échec et mat" qui signait la fin de la partie. Enfin, je ne vais pas me plonger dans des spéculations métaphysiques, d'abord le temps est pas encore venu, et puis j'ai plein de choses plus intéressantes à vous raconter !

  Moi, c'est Jules Labesse, oui, avec deux "S". Je sais, mon nom souvent il fait rire et après tout j'y peux rien si un ancien Secrétaire de mairie, distrait sans doute, avait orthographié mon nom avec un seul "S" sur mon livret de famille. A sa décharge, il faut dire que ce fonctionnaire zélé avait tracé les lettres avec tant d'application, avec une si belle calligraphie de pleins affirmés et de déliés aériens, que sa "faute" est plus qu'à moitié pardonnée. Oui, bien sûr, je vous entends rire sous cape, vous gausser un peu et c'est bien normal, c'est toujours si marrant les patronymes ambigus (du genre "la Mère Dhaluile",par exemple), ça peut distraire les cours de récréation, les enceintes des bals populaires et les chambrées de fantassins et de grenadiers.

  Mais, vous savez, je m'y suis tellement fait aux blagues salaces sur mon nom amputé de son redoublement de consonnes qu'il m'importe assez peu qu'on le prononce d'une façon ou d'une autre. Oui, moi, c'est Jules Labesse et j'assume pleinement, aussi bien "Jules" que "Labesse"; c'est ma façon de faire un pied de nez aux empêcheurs de tourner en rond. Mais je sens que je ne vous ai pas convaincus; oh non, vous ne riez pas franchement, vous êtes trop poli pour ça, juste la commissure des lèvres qui se relève, et puis ce léger plissement de la peau autour des yeux, et cet imperceptible raclement de gorge qui en dit plus qu'un long discours.

  C'est  pas vraiment mon nom qui pose problème d'après ce que je peux comprendre et bien que votre réprobation elle soit subliminale, je m'aperçois que c'est la formule entière qui vous heurte un brin. "Moi, c'est Jules Labesse", ça vous rend si peu indulgent à mon endroit, ça vous installe dans une sorte de posture critique, narquoise, peut être même un peu caustique. Si j'ai bien saisi, c'est plutôt le "C'est moi" qui vous fait tiquer, qui vous irrite un peu le conduit auditif et la conscience morale aussi. Ah, voilà, j'y suis ! Vous vous étonnez donc que, tout de go, je cite mon nom en premier alors que je suis censé laisser la primeur à mes Copains et même en faire une louange appuyée.

 

 

 

 

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