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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 08:08

 

  Comment donc parvenir à connaître quelqu'un, à s'y retrouver avec sa singularité, comment établir un profil satisfaisant, en conformité avec sa nature propre ? C'est déjà une tâche ô combien ambitieuse que de prétendre se connaître soi-même. Cependant, Jules, procédant par analogie, à savoir se situer lui-même parmi la galaxie humaine et en tirer ressemblances et dissemblances, invente une manière de nouveau paradigme de la connaissance de la sphère anthropologique. En réalité, serions-nous si différents dans la grande meute des Existants, que nous ne puissions établir une métaphore procédant par analogie, l'Autre, en définitive, nous apparaissant comme une goutte semblable à celle que nous figurons également, dans un immense Océan qui ne serait autre que l'humanité elle-même ?

 

Les "copains d'abord", vous me dites. Franchement vous avez pas tort mais c'est seulement votre analyse qui n'est pas tout à fait exacte. Et puisque la première personne vous choque, eh bien je vais parler à la troisième personne, comme pour les "Grands de ce monde". Je vous dirai simplement que Jules Labesse, avec deux "S", il mange pas de ce pain-là, que ses copains sont sacrés et qu'il y a, dans tout le groupe, comme un code d'honneur semblable au bushido des anciens samouraïs; Jules, il a un seul maître et ce maître, c'est précisément "Celui que n'est pas Jules Labesse", si vous m'avez bien suivi. Oh, je vous en veux pas, c'est simplement un "point de vue" erroné auquel vous avez eu recours.

  Vous savez, c'est important le "point de vue", c'est comme à la Bataille d'Austerlitz, on voit pas la même chose selon qu'on est Bernadotte, Lannes ou Murat. Alors, je vais vous dire, Jules Labesse, pour parler de Lui, il avait, grosso modo, trois perspectives à sa disposition.

  Ou bien il partait de la considération philosophique de son Moi et alors vous auriez dit :     

 

"Halte-là, solipsisme, vous vous séparez du monde, vous ramenez toute la réalité à votre moi, vous interprétez tout ce qui vous entoure selon votre propre canon, vous ne voulez vous référer qu'à votre seul modèle".

 

  Ou bien, il empruntait le chemin de la psychologie et alors l'ornière aurait été également patente :

 

  "Stop, EGO, vous affirmez votre personnalité en excluant celle des Autres".

 

Ou bien Jules Labesse aurait pu chercher à se frayer une autre voie, celle de la pédagogie, par exemple, et qu'auriez vous dit à ce propos ? :

 

  "Jules Labesse en tant qu'unique sujet connaissant?; L'égocentrisme face au savoir ?; Le "JE" autodidacte ?"

 

  En effet, vous auriez pu dire cela et bien d'autres choses encore allant dans ce sens et vous auriez été dans une certaine forme de vérité car, en effet, c'est bien de cela dont il s'agit. Parmi la multiplicité et le foisonnement des théories du savoir, "Jules" n'est qu'un élément parmi tant d'autres, une sorte de goutte d'eau au milieu de l'océan. Et, si je peux me permettre, l'océan que vous n'avez jamais vu, vous ne pouvez guère le mettre à votre disposition par la magie de votre simple regard. Imaginons que vous ne savez rien, mais vraiment rien de l'Océan Indien, de son contenu, de ses marées, de ses courants, de son fonctionnement.

  Imaginons cependant que vous connaissez une seule goutte de cet océan. Cette goutte, si vous le voulez bien, appelons-là "Jules". Cette goutte, vous la connaissez sous toutes ses facettes. Vous en possédez toutes les informations : sa composition, sa forme, sa couleur, sa vitesse de propagation, sa transparence, sa structure interne, le jeu de ses molécules et de ses atomes. Donc, cette goutte nommée "Jules" vous est parfaitement connue alors que les milliards de gouttes qui l'entourent, sont pour vous, un évident mystère.

  Comment donc allez-vous procéder pour découvrir cette myriade de matière liquide, immensément fluide, fuyante, insaisissable, cette "liquida incognita" qui fait le siège de la "goutte-Jules" ? Eh bien, je parie que vous allez vous servir de la goutte susnommée pour faire un brin de voyage dans la galaxie inconnue. La "goutte-Jules" sera, en quelque sorte, votre médiateur, votre ambassadeur et finalement votre précepteur. Avec elle vous allez entamer le long voyage de la connaissance et votre logique, votre esprit de déduction vont imparablement établir des analogies, des différences; vous n'aurez de cesse de prendre "Jules" pour étalon, pour parangon, afin de mieux connaître Alphonse, Gustave, Léon et la foultitude d'autres gouttes qui dérivent à l'infini.

  Et ainsi, de proche en proche, vous aurez, sans même vous en apercevoir, reproduit un très ancien processus de savoir qui consiste tout simplement à partir du CONNU pour aller vers l'INCONNU; et alors cet océan qui ne vous apparaissait que comme une énigmatique Atlantide, vous livre peu à peu ses secrets et tout son monde aquatique vous devient familier et l'océan vous parle de ses milliers de bouches et c'est bien à "Jules" que vous devez votre nouvelle connaissance, comme si les gouttes s'étaient donné la main, comme si elles s'étaient communiqué leur secret de l'une à l'autre afin que Vous, tout au bout de la chaîne, dans la grande farandole, puissiez le recueillir ce secret et posséder l'infinie connaissance de la multitude du peuple océanique.

 

 

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