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28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 15:43

(Variations sur l’UTOPIE)

 

 

      Ainsi, maintenant, avons-nous franchi tous les cercles d’eau et de terre qui nous séparaient du cœur vivant de l’Atlantide et nous voici au point focal de la Cité, autrement dit au point d’intersection de toutes les significations. Cette étonnante acropole présente un diamètre d’environ cinq kilomètres où se rassemble tout ce dont une cité a besoin pour vivre en autarcie. Tout y est organisé, distribué selon un plan méthodique, projection dans le réel de l’Idéal symbolique tel que peut l’envisager le concept le plus exigeant. Je pense qu’il y a là filiation directe de l’Âme, de l’Esprit acceptant d’insuffler dans la matière le principe subtil qui les traverse et soutient leur invisible architecture. Pour ceci, l’Atlantide est un tour de force qui ne peut se maintenir que dans ce fragile équilibre entre une matière qui demande et une énergie qui attribue, modèle, façonne mais sans jamais livrer l’entièreté de son être aux regards et aux mains de ceux qui en altéreraient la singulière nature. Tout à la beauté de ce qui nous est offert, aussi bien Platon, le créateur de cette pure Réalité, que moi qui en prends acte, demeurons muets, sur la frontière qui sépare le silence de la parole comme si les mots que nous pourrions prononcer étaient susceptibles de faire s’effondrer ces périssables murs de Jéricho.

   Nos yeux, fussent-ils curieux, ont du mal à contenir le prodige. Ce ne sont, partout, que temples aux hautes colonnes de marbre, palais aux péristyles finement ouvragés, fresques polychromes ornant les intérieurs, édifices publics aux frontons sculptés, portant des images des dieux principaux du Panthéon grec, parterres de mosaïques aux tracés parfaits. Tout en haut de la Cité, pareil à l’Acropole dominant Athènes, le Temple dédié à Poséidon est pure merveille architecturale, picturale. Façades recouvertes d’un argent étincelant, toits entièrement revêtus d’or, voûtes en ivoire ciselé incrustées de gemmes précieuses, plafond ruisselant de la lumière inégalée de l’orichalque, création sans pareille d’un métal antique dont nulle copie n’a pu, de nos jours, être reproduite. Magnificence portée à son acmé, habileté des artisans dépassant l’imagination. Quant à Poséidon, le ‘Maître des lieux’, son culte lui est rendu au travers d’une sculpture le montrant «se tenant debout sur un char attelé de six chevaux ailés, et d’une grandeur telle que la figure touche à la voûte de l’édifice », comme vient tout juste de me le préciser Platon, l’auteur de ces lignes, à l’instant, sortant d’un long mutisme. Je présume qu’en toute simplicité et grand connaisseur de beauté, le Philosophe était ému de découvrir à nouveau toute ces facettes si éblouissantes. Qu’il les ait faites lui-même à la hauteur de son génie ou qu’elles proviennent d’une activité inconnue des hommes, peu importe, c’est la Beauté-en-soi qui est à remarquer. Peut-être même reviendrait-il à notre condition de Mortels de l’honorer, de la porter au pinacle, de lui destiner des offrandes, d’édifier un culte. C’est toujours ceci que mérite le Rare, une infinie reconnaissance qui, nous déportant de nous, nous extrayant de nos propres insuffisances nous place en regard du vaste Univers, cette splendeur qui rayonne de toutes parts dont, communément, nous ne savons reconnaître le vaste mérite.

 

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