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22 avril 2022 5 22 /04 /avril /2022 09:55
Cette ligne d’oiseaux

Entre sel et ciel…vers Peyriac de Mer…

Photographie : Hervé Baïs

 

***

 

Cette ligne d’oiseaux

Sur le désert du Monde

 

Cette ligne, seul langage

Qui me reste de toi

Vois-tu, j’ai dû m’exiler

De moi-même

M’oublier et n’inclure

Dans mes propres limites

Que cette image

Qui me parle de toi.

 

 

Certes le présent est modeste

Qui t’apporte, en même temps

Te soustrait à qui je suis,

Un homme aux mains vides,

Aux yeux désertés de larmes.

Car, sans doute le sais-tu,

J’ai trop pleuré pour connaître

La pluie bienfaisante

Au seuil de mes paupières.

Et, du reste que

Sert-il de pleurer,

On ne pleure jamais

 Que sur le malheur

De sa propre condition.

 

Cette ligne d’oiseaux

Sur le désert du Monde

 

Tout, autour de moi,

Est dépeuplé,

 Tout m’est solitude,

L’ample paysage vastitude,

La vie devant moi finitude.

Quelle dette ai-je

Contractée à ton égard,

Dont nul acte, jamais,

Ne pourra effacer la trace ?

Ta présence était un Soleil,

Une haute lumière,

Ton absence est de Lune

Et de froide Nuit.

T’imaginer est infinie douleur,

Plus forte que les promesses

Faites entre Amants.

Cruelle image

De dépossession,

Plus je m’éloigne,

Plus un peuple infini

De ruisselets

Me ramène à toi,

Me cloue à demeure

Et le jour sera long

Qui ne connaîtra

Nul crépuscule,

Sauf celui de mon âme

En proie aux hallucinations,

 Aux longues dérives,

Aux flottements entre

 Deux rives oniriques

Pareillement dépeuplées

De toute signification.

 

Cette ligne d’oiseaux

sur le désert du Monde

 

Je ne peux m’empêcher,

Ne serait-ce que

 Par la pensée,

De convoquer l’eau,

Le ciel, la colline,

Les oiseaux qui furent

Les témoins d’une passion

Qui n’eut d’égale

Que le feu de Bengale

 Qui en détruisit

La possible postérité.

 

Le ciel en sa

Poudre noire ?

C’est Toi.

Le ciel qui blêmit

 Et vire à la neige ?

C’est Toi.

La colline de suie

Couchée sur l’eau ?

C’est Toi.

La ligne fuyante

D’oiseaux ?

C’est Toi.

La plaque luisante

De l’eau ?

C’est Toi.

 

Ma litanie, l’évocation

De ce qui, un seul jour,

Fut notre écrin n’a pour but

Que de t’extraire

Du monde des songes,

De te rendre plus réelle.

Deviendrais-tu ainsi saisissable

Et ma joie serait assurée

Au prix de ma folie,

 Certes, de ma folie.

Mais plutôt connaître

 La lame froide de la démence

Plutôt que de te perdre.

 

Si j’y retourne désormais,

 Que me dira

Ce beau paysage lacustre ?

Que me diront

Toutes ces choses

Qui n’avaient de sens

 Qu’à t’approcher,

Å te fêter telle une Reine ?

 

Cette ligne d’oiseaux

sur le désert du Monde

 

Non, ne souris pas

De mon cruel désarroi,

 Il est tissé de ta chair

Et pourrait bien,

 Un jour prochain,

Te métamorphoser

En statue de sel.

Libre ? Tu ne l’es plus depuis

Que j’ai pris possession de Toi,

Depuis que mon regard

t’a aliénée,

Que mes mains

t’ont désirée,

Mes illusions

t’ont fascinée.

Certes tu n’es pas à moi

Mais tu n’es pas plus à toi.

Tu es Celle que mon esprit forgera

Å l’aune de mes rêves les plus fous.

Tu seras Celle que j’aimerai

Au plus haut du ciel,

Celle que j’aimerai

Å la lumière du jour.

Celle que j’aimerai

Sur la terre noire.

Celle que j’aimerai

 Comme j’aime

Cette grise ligne d’oiseaux.

Celle que j’aimerai telle Ophélie

Connaissant sa dernière eau.

Et je serai Celui qui te rejoindra

Au-delà de ta chair

Dans cette âme liquide

Que tu seras devenue.

 

Cette ligne d’oiseaux

sur le désert du Monde

 

 

 

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commentaires

S
 "(...) Oh, je ne sais pas si c'est l'exacte vérité,<br /> mais on m'a raconté que de passer la nuit dans le désert, c'était un peu comme un voyage au bout<br /> d'un monde enchanté parce que les « choses » du désert finissent toujours par vous posséder : le ciel<br /> file dans un rugissement étourdissant, les rêves deviennent lipides & sucrés et se déversent<br /> mêmement sur les lèvres des dormeurs dans une euphorie de plaisir et de contes des mille et une<br /> nuits.. »
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B
Sans doute. Merci à vous. BS.

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