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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 09:35

 

  Corps de muscles et abîmes de sang, membres de chair et draperies d'aponévroses, on était cela, cette lente ondulation métabolique, cette reptation à bas bruit dépassant à peine l'herbe couchée des savanes. On était cirons toisés par l'infini mais les élucubrations pascaliennes, les pensées en forme de vrilles, les révélations métaphysiques étaient si loin, tout à fait devant, dans un temps  si long qu'on en devinait tout juste le vortex disparaissant devant la sclérotique soudée de ses yeux. On avançait au monde comme un éthylique pris de vertige dans les remuements ordinaires des alcools bruts. On se déplaçait à coups de pieux, les jambes plantées dans les humeurs de la glaise; on progressait par itératives stridulations, on gagnait l'espace à coups de gong destinés aux rumeurs souterraines. On végétait et peu s'en serait fallu qu'on devînt liane, simple aberration arboricole, lierre s'enroulant autour des tresses aériennes de l'exister.

  Mais les corps grotesques - pieds pachydermiques, mains en battoirs, oreilles fibreuses, jambes d'écorce -, les physionomies grimaçantes, les faces hideuses on ne pouvait les voir, on ne pouvait en prendre la mesure et la conscience n'était que points de suspension, le jugement non encore un mot, le libre arbitre qu'une parenthèse vide. Alors on s'adonnait à des joies toute gemmatiques, à des sentiments granitiques, à des esthétismes de stalactites. On ne pouvait encore prétendre recevoir l'attribut de forme, on était poterie d'argile mais dépourvus de cavité intérieure, d'espace où faire circuler les idées, on n'était qu'une outre aux flancs resserrés, amphore au devenir si étroit que rien n'aurait pu s'y loger de signifiant, d'explicite, de préhensible. Une pure densité de matière. Comme fin en soi. Un ombilic vivant sa vie d'ombilic.

  Les éléments, l'air, l'eau, le feu, la terre, depuis longtemps on les avait oubliés, depuis longtemps on ne savait même plus leur existence. Il aurait fallu, seulement, oser regarder le ciel, goûter le long fleuve de la Voie lactée, compter les braises des étoiles, voir passer le vent, suivre la fuite blanche du goéland, apercevoir les vagues vertes tout en haut de la canopée, disposer sa peau à recevoir le chant du monde. Non, tout cela était inutile, tout cela serait, bien plus tard, une occupation de savants fous, de cosmographes vissant leurs yeux aux lentilles de la connaissance. Pour l'heure, le seul savoir était de marcher le long des corridors étroits des forêts, de saisir des proies, de les manduquer, de laisser couler le sang en filets noirâtres sur l'éperon du maxillaire. 

 

 

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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 09:25

 

Vérité.

 

 

*Toute vérité s'abreuve à son propre secret.

 

*Plus une œuvre est silencieuse, plus elle est vraie. La vérité est intérieure.

 

*La vérité. Jamais dans le macrocosme, jamais dans le microcosme. Dans leur ajointement. Vérité comme confrontation.

 

*Jamais de vérité nue : seulement travestie.

 

*Les convictions ne sont des vérités pour soi que mesurées à l'aune de la raison.

 

*Une vérité révélée n'est plus une vérité. Toujours la vérité se cache. Lutte contre les évidences.

 

*La vérité est plus "vraie" confrontée au dénuement qu'à la profusion.

 

*Les mensonges des miroirs ne sont qu'à la mesure des intentions que tu leur prêtes.

 

*Souris et pleure au grand spectacle "vrai" du monde : joyeux et pathétique à la fois.

 

*Il n'y a de chair vraie que du milieu. La peau est déjà polluée par le monde.  

 

*C'est lorsque vos certitudes sont bien ancrées que vous êtes le plus menacé par le doute.

 

 

 

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 09:54

 

Glaciation mentale.

 

 GM1

Photographie : Blanc-Seing. 

 

  Les éléments, l'air, l'eau, le feu, la terre, depuis longtemps on les avait oubliés, depuis longtemps on ne savait même plus leur existence. L'origine on l'avait enfouie quelque part au-delà du cosmos, avant même qu'il commence à diffuser sa musique étoilée, sa brillance de phosphore. L'origine, tout simplement, on l'avait reniée, on l'avait remise à une confortable amnésie. On vivait à chaque instant la mesure étroite du jour, on comblait l'ennui des heures de marches erratiques. On ne regardait plus le ciel, sa courbe pareille à une mélodie de nuages et d'éther. On vivait si près du sol, tout contre la poussière, on suivait les ornières tortueuses, on butait contre l'obstination des pierres. On était de sombres Caverneux, d'à-peine concrétions issues des nécessités de l'argile. La terre, on la foulait, on en parcourait les nervures étroites, non dans un souci de la connaître, seulement d'une manière destinale, le massif de la tête faisant son bruit d'enclume entre le rocher des épaules.

  La terre était l'incontournable où graver l'empreinte de ses pas laborieux. La Terre-Mère, la déesse donatrice, la conque génitrice, l'essentielle effusion par laquelle on était venus au monde, on n'en percevait même plus la voix voilée, la longue rumeur consolatrice, les gestes enveloppants, le chant polyphonique. On l'avait clouée à sa propre stupeur, on l'avait laissée à son parcours rhizomatique, à son destin bulbaire. Longs tubercules perdus dans l'étoupe limoneuse, excroissances de calcite faisant dans l'ombre dense leur murmure de lampyre. A peine plus que le chuchotement du vent dans la laine des vigognes. Et encore eût-il fallu tendre son oreille, ouvrir son pavillon perclus de surdité native. C'était ainsi dès le début, "humains trop humains"les Effigies de peau, les massifs de viscères, les collines de graisse et les filets de nerfs avaient pris le dessus et le germe mental, l'amygdale blanche perdue dans les remous du cortex s'était comme étiolée, s'était invaginée à même sa sourde condition, à peine plus que la respiration de l'éphémère.

 

  

 

 

 

 

  

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 09:44

 

Vérité.

 

 

 

*Eprouvez la vérité selon vous-même, puis selon les autres. Il vous restera encore à l'éprouver selon le monde.

 

*La vérité ne se révèle pas dans la durée. Dans l'instant seulement.

 

*La vérité des Noirs est-elle celle des Blancs ? Insulte de la colonisation.

 

*La certitude est toujours contraire à l'apparition de la vérité.

 

*Quelqu'un prétend-il détenir la vérité ? Eloigne-toi de lui comme de la peste.

 

*Le dogme : aveu cruel d'une vérité non révélée.

 

*La vérité : ni Ciel, ni Terre, mais Horizon, passage d'un élément à l'autre.

 

*La vérité : mobile. Toujours là où on ne l'attend pas

 

*Question de principes : nulle vérité dans le sacro-saint Principe de Raison, pas plus que dans son contraire. Dans la relation de l'un à l'autre.

 

 

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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 08:56

 

Travail.

 

 

*Seul le travail librement consenti rend libre. Travailleurs libres, levez la main !

 

*Le travail est un bonheur, le repos une joie.

 

*Une activité passionnante, jamais on ne la nomme "un travail".

 

*Il y a rarement de travail librement consenti. Souvent une exigence du réel.

 

*Le travail ne trouve jamais sa place dans l'utopie.

 

*Tâches laborieuses : souvent une survivance de la féodalité.

 

*"ARBEIT MACHT FREI" : "le travail rend libre". Slogan apposé aux cimaises des portes de Dachau, d'Auschwitz. No comment !!!

 

 

 

 

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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 08:44

 

Titres magiques.

 

 

 

* "Les données immédiates de la conscience".

 

* "La comédie humaine";

 

* "Voyage au bout de la nuit".

 

* "Les affinités électives".

 

* "Terra amata"

 

* "Etoile errante".

 

* "Les ailes du désir".

 

 

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 08:46

 

Temps.

 

 

*Ruisseau. Ecoutez donc la métaphore du temps, de la source à l'estuaire.

 

*Temps présent : bien peu habitent la terre poétiquement.

 

*On ne pleure jamais sur ce que l'on a été mais sur ce que l'on ne sera plus.

 

*Rides, verrues, comédons : stigmates d'une métaphysique incarnée du temps.

 

*Ne cachent leurs rides que ceux qui se sentent immergés dans un temps vulgaire. Factualité.

 

*Temps seulement inscrit dans le suspens : fente nycthémérale; position de repos

du balancier; suspension du grain de sable. 

 

 

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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 08:53

 

Temps.

 

 

*Le présent n'est jamais que la mise en scène d'une double absence : généalogie et projet.

 

*Fais de ta retraite un nectar. Un peu de temps octroyé avant la dernière pantomime.

 

*Souffle sur les braises de ton passé; elles éclaireront ton avenir.

 

 *Le Temps n'est jamais conscient de lui-même; il lui faut la finitude de l'homme. Dasein.

 

*Nostalgie : remonter le long fil d'Ariane jusqu'au berceau. Et au-delà ? 

 

*Pas de souvenir vrai. Seulement de constantes re-créations.

 

*Lucidité : la seule arme contre le temps.

 

 

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 08:56

 

Symbolisme.

 

 

*Sens véritable de l'arbre : moins dans ses racines, son tronc, ses branches que dans

son dialogue avec le vent.

 

 *Souffle andain dans les tubes de roseaux; beauté de la respiration du Monde.

 

*La montagne parle son langage de pierre; la mer son langage d'eau, l'homme son langage de finitude.

 

*Les pierres autour de nous : concrétions de la pensée terrestre. Vitalisme.

 

*Menhirs : langage de l'homme primitif adressé au Ciel. Dolmens, les très anciennes tables de la loi.  

 

*Parole comme une source.

 

*Voix comme un souffle.

 

*Langage comme un vertige.

 

*Langage : mouvement perpétuel.

 

*Des mots sont suspendus aux arbres. Regardez-les frémir.

 

 

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 09:24

 

Symbolisme.

 

 

*L'arbre est une pensée de la Terre. La Terre est l'inconscient de l'arbre.

 

*Nuage : poésie de l'eau.

 

*Sable : pensée infinitésimale de la terre.

 

*Ecoutons le chant de la terre : il nous dit notre origine.

 

*Olivier : archétype de la sagesse.

 

*Hiérogamie du Ciel et de la Terre : les seules noces VRAIES.

 

*La Pierre comme sentiment de l'éternité.

 

*Nos mains : paroles qui sculptent l'air.

 

*La pluie n'est pas de l'eau qui tombe du Ciel mais de minuscules pensées qui fécondent la   Terre.   

 

*L'amour de la Terre n'est jamais que l'amour de la Mère

 

 

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